Sur les traces de ceux qui nous ont précédés à Mouzillon

A partir du 8 mars 1794, l'armée républicaine intervient violemment sur le territoire de Mouzillon. Les raisons de leur intervention pouvaient être double :

1- pour chercher les jeunes qui ont refusé la conscription et en représailles contre leur familles.

2- pour rechercher ceux qui se sont enrôlés dans l'armée vendéenne et qui luttent contre les républicains. Ils veulent faire pression sur leur famille sans retenue.

Des actes violents et horribles sont commis par l'armée républicaine  (incendie de maison, destructions de biens). Au-delà de ces destructions c'est surtout le dénombrement de 85 morts qui choque durablement la population. D'autre part les registres citent 8 mouzillonnais tués par les vendéens. Ces vendéens sont probablement d'autres mouzillonnais ; ce serait un acte honteux qui a troublé la mémoire populaire.

L'année 1795 voit la suppression des tribunaux révolutionnaires.

A Mouzillon, les violences mortelles sévissent encore.

Au sujet des guerres de Vendée : l'horreur des faits.

voir en annexe 1 le liste des 94 morts établie à partir des registres de l'an X publiés par les Archives départementales de Loire-Atlantique.

Répartition selon les meurtriers

85 morts sont des victimes des troupes républicaines

8 morts sont victimes des vendéens ou insurgés :

--> Gabriel BARRE - 60 ans - morts le 16 mars 1793 - à l'Aiguillette

--> Jean PAPIN - 72 ans - mort en mars 1794 - à la Grange

--> Pierre PICHON - 58 ans - mort le 15 mars 1794 - à la Coudrière

--> Pierre DOIZY - 50 ans - mort le 28 mars 1794 - à la Grange

--> Joseph COUILLEAU - 48 ans - mort en avril 1794 - dans le clos des Martinières

--> François SAUVION - 75 ans - mort le 1er mai 1794 - à la Rouaudière

--> Jeanne SAUVION - 28 ans - morte en Septembre 1795 - au Pallet

--> François ALLEMAND - 31 ans - mort le 30 octobre 1795 - à l'Aiguillette

1 morts dont le texte ne permet pas de désigner de façon certaine les meurtriers :

--> Mathurin BABONNEAU - 57 ans - Mort à Saint-Crépin - 15 novembre 1795.

Cependant, les circonstances évoquées laissent penser qu'il s'agit plutôt d'une victime des insurgés.

Chronologie des meurtres

le premier meurtre est celui de Gabriel BARRE; il est le fils de Joseph BARRE et de Marie GUITTON, époux de Jeanne FLEURANCE. Le couple est domicilié à la Rouaudière. Gabriel BARRE est âgé de 60 ans en 1793. Il est mort à l'Aiguillette le 16 mars 1793 à 4 heures du soir.

Un fils portant lui aussi le nom de Gabriel BARRE mourra d'une noyade à Indret le 15 février 1795. Il est probable que ce fils avait accepté la conscription et était mobilisé à l'arsenal d’État situé à Indret.

Marie BARRE, sœur de Gabriel BARRE père, mourra à 58 ans, le 25 mars 1794 tuée par les républicains à la Rouaudière.

Cette tragédie familiale montre que les violences meurtrières ont commencé à Mouzillon dans le prolongement de la conscription du 8 mars 1793. Les violences vont croitre par la suite, tout particulièrement en 1794.

tableau Chronologique

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Cette chronologie met en évidence les deux jours dramatiques que sont les 8 mars 1794 (24 morts) et 20 mars 1794 (34 morts) où se concentrent les meurtres réalisés par les troupes républicaines. Nous sommes là devant une action organisée.

répartition selon l'age et le sexe

Tableau de répartition des morts tués par les troupes républicaines selon l'age et le sexe.

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Ce tableau montre

--> que les femmes (47) sont beaucoup plus atteintes que les hommes (37) tout particulièrement dans les tranches d'age de la population active (10- 39 ans). Où étaient les hommes ? peut-être se cachaient-ils ?

--> que la tranche d'âge la plus atteinte est celle des 50-59 ans : c'est la génération des parents de ceux qui auraient du se présenter à la circonscription.

Répartition des morts selon les lieux et les dates

Le tableau suivant montre cette répartition :

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Le 08 mars 1794 est le jour où les troupes républicaines tuent un grand nombre de Mouzillonnais : 27 morts

--> 9 au bourg, auxquels s'ajoutent les 10 tués dans le clos des Baronnière (Vallet) les 2 morts des bois Gauthier (Vallet), celui qui est mort dans la pièce des "Saules" (Vallet) et celui qui est mort dans le bourg de Vallet.

--> celui qui est mort au Tertre

--> celui qui est mort près de la Martinière

--> celui qui est mort à la Barillière

--> celui qui est mort près des Gondrères

L'action est organisée et semble ciblée : tous les Mouzillonnais ne sont pas tués; l'identité ceux qui sont tué ont été choisis : leur mort semble avoir été préméditée.

Dans les jours qui suivent, --> le 10 mars 1794 on dénombre 1 mort à la Barillière et 2 dans le bourg

--> le 15 mars 1794 on dénombre 4 morts dans le bourg, 1 à la Brangerie, 1 à la Recivière, 1 au Petit-Plessix, 1 à l'Audigère de Vallet.

Nous sommes dans le même prolongement de l'action ciblée.

Le 20 mars 1794, 36 morts sont identifiés :

--> 14 à la Greuzardière

--> 8 à Champoinet

--> 5 à Chaintre

--> 2 à la Chausseterre

--> 2 à Lozangère

--> 1 à la Levrauderie

--> 1 à la Brangerie

--> 1 aux Bourdelières de Vallet

Puis les troupes républicaines poursuivent leur funeste action avec moins de répercutions.

L'action destructrice ne se limite pas aux personnes :

Cependant, cet exposé ne suffit pas à montrer la logique meurtrière des troupes républicaines.

comprendre

Plus largement, Il importe de chercher à comprendre ce qui s'est passer à Mouzillon pendant les "guerres de Vendée".

Le nombre des morts de la commune est de 94 (voir liste jointe en annexe). Les dates et les lieux de ces morts présentent une dispersion : seule une étude beaucoup plus fine permet d'expliquer ce qui s'est passé.

Les mouzillonnais ne se sont pas montrés plus révolutionnaires que d'autres. Les cahiers de doléances ne révèlent pas une grande originalité.

Les mouzillonais ne se sont pas montrés plus religieux ou plus catholiques que leurs voisins au moment de la constitution civile du clergé en 1791.

l'acte de décès de l'ancien curé en 1794 en témoigne : non seulement il ne révèle aucune agressivité mais encore il apparait comme l'acte de décès d'un homme intégré à la population mouzillionnaise.

Le 28 brumaire de l'an dix de la république devant moi Charles Bureau, adjoint de la commune de Mouzillon ont comparu Pierre Julien René Mesnard, agé de trente trois ans, profession de tonnelier, demeurant au bourg de Mouzillon, Pierre Grégoire agé de quarante quatre ans, cultivateur, demeurant à la métairie de la Ferchotière, et Jean Teigné âgé de quarante trois ans, profession de maréchal, demeurant au dit bourg de Mouzillon, les quatre ont déclaré et attesté que Julien Anne Béchu des Haies ex recteur de la commune de Mouzillon agé de soixante dix sept ans fils de feu René Julien Béchu et d'Anne Madeleine Le Mareuil, originaire de Bru [?] département de l'Isle-et-Vilaine est mort naturellement au dit bourg de Mouzillon le vingt huit février mil sept cent quatre vint quatorze et ont les comparant signé.

(Registre des décès de Mouzillon 1794 - an II – article 29)

En prêtant serment dans le cadre de la Constitution Civile du Clergé il se montrait favorable aux idées nouvelles qui s'affirmaient depuis quelques temps, comme son collègue du Pallet. Ils ne suivaient pas l'évêque de Nantes qui avait émigré pour l'Angleterre comme l'a fait une partie de la noblesse. Julien BECHU-DESHAIES était resté à Mouzillon, en bonnes relations avec ceux qui avaient été ses paroissiens. Hélas, il est mort en février 1794, sans avoir pu empêché la vague meurtrière.

Les mouzillonnais ne se sont pas montrés royalistes au moment de la mort du roi guillotiné le 21 janvier 1793. Ils n'ont peu répondu aux sollicitations des chefs vendéens qui prenaient les armes. Peu de Mouzillonnais se sont pas manifestés lors de combats de Machecoul (le 11 mars 1793), de Torfou (le 19 septembre 1793), de Saint-Florent-le-Viel ou dans la virée de Galerne ( en octobre 1973).

Alors que s'est-il passé en 1794 pour que tant de morts soient dénombrés pour une commune paisible ?

que s'est-il passé ?

     Déjà nous pouvons remarquer que les femmes mortes dans la tranche d'age d'age 16-30 ans étaient plus nombreuse que les hommes. En revanche, la génération des 40-59 ans ans paye un lourd tribut : 39 morts sont dans cette tranche d'age.

La recherche a conduit à l'hypothèse suivante :

1--> des mouzillonnais ont été favorables à la conscription en mars 1793... comme Gabriel BARRE qui se retrouve dans l'arsenal d'Indret en 1794.

2--> des mouzillonnais ont refusé la conscription et se sont éparpillés dans la nature. Certains ont même pris les armes contre les républicains Ce groupe va mener des actions contre ceux qui se sont laissés enroler ou qui les ont dénoncés... peut-être comme le père de Gabriel BARRE

Les troupes républicaines vont intervenir violemment, dans ce contexte de terreur, pour obtenir ces jeunes insurgés : elles vont tuer les parents, les grands-parents, les sœurs, les neveux et nièces... et elles vont détruire des maisons.

A l'appui de cet hypothèse, les tableaux ci-dessous vont mettre en évidence les liens de parenté entre les jeunes en age d'être conscrits et les victimes des violences.

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Ainsi les morts sont majoritairement dans l'environnement familial de ceux qui étaient potentiellement conscrits le 8 mars 1793, que ces morts soient tués par les troupes républicaines ou par les insurgés aussi appelés les vendéens.